« L’insécurité sociale » de Robert Castel
I) Biographie de l’auteur :
Robert Castel est sociologue, directeur d’études à l’École des hautes études en sciences sociales, mais il a aussi suivi des études poussées en philosophie et en lettres, ce qui peut amener à penser que ses thèses ne reposent pas seulement sur des bases sociologiques. Il est l’auteur des désormais classiques « Métamorphoses de la question sociale», et, avec Claudine Laroche, de « Propriété privée, propriété sociale, propriété de soi ». Il a écrit de nombreux ouvrages traitant de la psychiatrie et de la psychanalyse tels que « Le psychanalyse » et « La société psychiatrique avancée, le modèle américain ». On peut dire que ces travaux traitent pour la plupart des risques sociaux et de la gestion de ces risques (le chômage, l’insécurité sociale) et des transformations actuelles de la société.
II) L’ insécurité sociale : Présentation de l’ouvrage:
Tout d’abord pour présenter le livre de Robert Castel sur l’insécurité sociale on peut dire que cet ouvrage est construit comme la présentation de la thèse de l’auteur sur le sujet. En effet, les différentes parties sont agencées de façon à présenter une argumentation logique visant à convaincre le lecteur de la légitimité des solutions proposées par Castel.
Le livre se divise ainsi : l’introduction vise à exprimer le projet du livre, les notions qui vont être abordées pour traiter le sujet et problématique ce dernier. Enfin, dans celle-ci on retrouve l’hypothèse de l’auteur. S’ensuivent alors les deux premiers chapitres qui développent chacun une notion permettant de comprendre l’enjeu du livre : le 1er chapitre explique la notion de sécurité civile et le second la sécurité sociale afin de différencier ces deux constituantes de la notion de sécurité du pays. Puis le chapitre trois expose les causes du problème de la montée de l’insécurité, le quatrième la perception moderne du risque dans la société et enfin le cinquième et dernier chapitre propose les moyens de remédier au problème exposé. L’ouvrage se termine avec une conclusion reprenant les notions abordées du livre où l’auteur s’interroge sur la possibilité de résoudre le problème ou même seulement de pouvoir donner une définition exacte au sentiment de sécurité et donc au problème abordé.
A) Introduction :
Dans cette introduction Robert Castel fait la distinction entre les deux grands types de protections dans le système étatique ; les protections civiles c’est à dire les libertés fondamentales, des biens et des personnes et les protections sociales qui assurent les citoyens contre les risques de la vie (chômage, maladie etc..). Il explique qu’aujourd’hui les pays développés sont les plus sûrs du monde puisque les guerres se déroulent loin, dans des pays moins développés et que l’on possède de nombreuses institutions vouées à la sécurité de l’individu. De plus il n’existe plus de risques inhérents à la vie « au jour le jour » des populations de l’avant révolution industrielle par exemple.
Pourtant, et c’est le paradoxe soulevé par Pierre Castel dans cet ouvrage, c’est dans ces mêmes pays développés qu’une demande de sécurité toujours plus forte existe de nos jours. On trouve ici la problématique de la thèse de l’auteur qui pourrait être formulée comme ; Pourquoi le sentiment d’insécurité est-il croissant dans les sociétés pourtant les plus sécurisées ? Et qu’est-ce qu’être réellement protégé ?
D’après Castel, l’insécurité serait l’envers des protections mises en place par l’Etat dans le sens ou l’insécurité dans les sociétés modernes relève plus des défauts des systèmes de protection que des risques eux-mêmes. La perception de l’insécurité prévaudrait sur sa réalité et il est évident que la recherche de sécurité absolue, ce qui est impossible, est sans fin. Ainsi la recherche de protections créerait de l’insécurité car les protections sont fragiles. Aussi, après avoir présenté les notions et le thème de son livre, Robert Castel en indique son hypothèse qui est que, de nos jours « être protégé, c’est aussi être menacé », puis explique que l’ouvrage suit un raisonnement logique visant à valider cette hypothèse et essayer de répondre à la problématique soulevée.
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Pour Castel, par la maîtrise des risques, on retrouve perpétuellement de nouvelles aspirations à être protégés. Donc les sociétés construites avec des systèmes de sécurité se créent d’elles-mêmes leur propre sentiment d’insécurité plus ou moins légitime. Ici la question posée serait ; ne devrait-il pas y avoir une certaine acceptation du risque, puisque vivre c’est aussi risquer sa vie ? Il est évident que l’on peut toujours essayer de faire au mieux pour protéger les populations mais il ne faudrait pas tomber dans l’excès car la notion de risque est inhérente à celle de vie en groupe.
B) Le premier chapitre:
Après l’introduction, les deux premiers chapitres présentent plus précisément les deux notions de sécurité civile et de sécurité sociale dans nos sociétés développées et tentent d’expliquer les transformations de ces deux types de protections ayant pu engendrer un sentiment d’insécurité aussi fort de nos jours.
Le premier chapitre évoque en premier lieu la distinction entre les différentes configurations de l’insécurité selon que l’on se place dans une société pré-moderne ou bien actuelle. En effet, dans les sociétés pré-modernes, la sécurité était une sécurité de groupe ; familial, de travail etc.… On se trouvait donc dans une société où le sentiment d’appartenance à un groupe permettait de se sentir protégé ce qui produisait un sentiment de dépendance au groupe d’appartenance. C’était alors l’élément extérieur au groupe, matérialisé sous la forme du vagabond qui symbolisait l’insécurité. Dans les sociétés modernes, le statut de l’individu est différent, celui-ci est reconnu en dehors du groupe et même si la structure collective est importante afin d’éviter l’avènement de l’état de nature. Ici est cité Hobbes dont « Le Léviathan » montre qu’une société basée sur l’importance de l’Etat Absolu et qui montre que cet Etat en réalité libère les individus qui peuvent exister comme ils le veulent dans leur sphère privée. Evidemment subir le pouvoir politique n’est pas une solution pour résoudre le problème de l’insécurité mais cet exemple montre bien que la sécurité totale est impossible et qu’être protégé n’est pas un état naturel puisque l’insécurité est liée directement à l’existence de la société. Mais Castel présente aussi la nécessité de l’Etat en tant que garant de la protection des biens de chacun, la propriété permettant, selon Locke par exemple, de conserver son indépendance. Selon Locke, c’est donc la propriété qui permet la protection et la protection des personnes est inséparable de la protection de leurs biens.
La seconde partie de ce chapitre présente un lien entre sécurité publique et libertés publiques. Reprenant la thématique des bienfaits de la propriété (elle protège des aléas de la vie), et de l’Etat démocratique incapable d’assurer une protection totale, Castel utilise l’exemple de l’application de la loi pour démontrer que la sécurité absolue des biens et des personnes ne peut être assurée dans le cadre d’un Etat de droit. Aussi, si aujourd’hui en France l’obsession sécuritaire est bien présente, il faut remarquer que les menaces objectives qui menacent notre société sont extrêmement réduites comparées à celles qui existaient il y a un siècle. On aurait donc, dans les sociétés modernes, une demande de la présence de l’Etat en contradiction avec le besoin actuel de liberté des individus. La contradiction et le problème sont donc que l’individu moderne veut être défendu dans tous les domaines y comprit privés sans être lui-même étouffé par la loi. L’auteur conclut ce chapitre en expliquant que cette contradiction oblige les Etats démocratiques à glisser vers l’un des deux excès que sont la compression des libertés publiques ou le laxisme sécuritaire.
C) Le second chapitre:
Ce deuxième chapitre présente la sécurité sociale dans l’Etat protecteur, il est divisé en deux parties ; l’une reprenant en compte les notions de propriété et de travail, la seconde abordant l’égalité entre les individus. L’introduction de ce chapitre reprend la définition de la sécurité sociale qui est pour l’auteur un moyen de conserver à un individu son appartenance sociale même lorsque celui-ci est frappé par un risque social pouvant l’exclure (le chômage par exemple).Car dans la précédente analyse sur la propriété les individus ne possédant que peu ou pas de biens n’étaient pas cités et donc se retrouvaient sans protections. La première partie du chapitre tend à démontrer que l’insécurité sociale, frappant par exemple les travailleurs non-propriétaire, précipite leur exclusion car elle entretient non seulement la pauvreté mais aussi une dissociation sociale de l’individu, celui-ci n’étant plus considéré comme un élément utile, constituant de la société. C’est donc en associant des protections fortes au travail que l’on a pu, et le résultat est le système de sécurité sociale actuel, assurer à presque tous une protection sociale efficace.
Le fait que l’on accorde des droits au travailleur, le passage du travailleur au salarié, a permis de combler une inégalité en offrant à ceux qui ne possédaient pas la propriété privée, le droit d’accés à la propriété sociale. Prenant l’exemple de la retraite, Castel montre les avancées sociales gagnées par le biais du travail et conclut cette partie par l’hypothèse que l’Etat n’existe au niveau social que par la possibilité de réduire les risques auxquels les citoyens sont exposés.
La seconde partie de ce chapitre aborde le thème de l’égalité entre les citoyens renforçée par l’existence des protections sociales, en effet si les différences de revenus entre les citoyens peuvent être considérables, ces derniers possèdent tous les mêmes droits protecteurs. Pourtant ici Castel ne considère pas les citoyens comme égaux mais comme semblables. Et dans une société de semblables les citoyens seraient différenciés mais interdépendants. Pour l’auteur, si l’État a réussi à assumer efficacement son rôle de réducteurs des risques sociaux, c’est grâce à deux facteurs : tout d’abord la croissance qui permettait, malgré les conflits causés par le partage de la valeur ajoutée créée de laisser penser aux travailleurs que « demain sera meilleur qu’ aujourd‘hui» c’est à dire qu’ils pourront renégocier plus tard. Ainsi il est possible d’anticiper l’avenir. Le second déterminant est le fait que les avancées en matière d’aides sociales se soient faites par le biais du groupe, du collectif (par exemple, l’existence d’une convention collective romps l’isolement d’un individu). C’est à dire que l’individu n’est plus protégé par l’existence d’un groupe naturel (famille, voisins etc…) mais par un collectif construit par des réglementations (syndicats). Ainsi l’auteur conclut ce chapitre en soulignant le fait que la montée de l’individualisme depuis l’après seconde guerre mondiale ait pu influer sur une remontée du sentiment d’insécurité sociale, le groupe ne protégeant plus l’individu, il demande à l’Etat de le faire.
D)
Le troisième chapitre:
On peut dire que ce troisième chapitre est une présentation des causes du sentiment d’insécurité présent aujourd’hui. Selon l’auteur, le retour des individus au collectif par l’inscription dans des organisations sociales des individus démontre les manques du libéralisme pour fonder une société «stable et intégrée ». Et l’Etat représentant le «collectif par excellence » ce serait à lui de régler ces problèmes.
La première partie de ce chapitre est basée sur l’affaiblissement de l’Etat national-social impliqué dans la réussite économique du pays, en effet depuis 1970, l’État protecteur est déprécié pour laisser place à des objectifs d’augmentation de la rentabilité économique du pays. Parallèlement on assiste à une baisse de la collectivisation des intérêts des travailleurs qui commencent à sentir une concurrence nouvelle, « intra catégorielle »qui crée une concurrence entre travailleurs égaux. L’individualisation post-fordiste des travailleurs va les fragiliser et réveiller des inégalités nouvelles entre eux ; l’individualisme n’est pas une bonne chose pour tous et certains ne sont pas favorisés par le fait d’être libre de ses choix. Ainsi, si ces derniers individus ne bénéficient plus non plus d’un esprit collectif social, ils se retrouvent plongés dans l’insécurité sociale.
La
seconde partie de ce chapitre aborde le sujet du «retour des
classes
dangereuses », pour l’auteur, c’est un
processus historique qui met en
avant certaines classes sociales et entraîne le déclin
d’autres. Et ce
« différenciel de situation sociale »
crée un ressentiment de ces
dernières. Ainsi, les transformations sociales du siècle
dernier ont changé les
statuts des petits commerçants par exemple ou de certains
ouvriers spécialisés
qui ne se retrouvent plus dans la société actuelle. Le
vote en faveur du front
national en 2002 serait alors une réaction liée à
un sentiment d’abandon
ressenti par certaines classes. Ces catégories sociales qui ne
peuvent se
« recycler » aujourd’hui sont dans une
situation d’insécurité, et se
défendent par la haine et/ou le rascisme. C’est comme ça que Castel comprend le
phénomène des banlieues, des
quartiers sensibles qui regroupent de nombreux facteurs
d’insécurité sociale et
qui expriment leur ressentiment par des
« incivilités » et des
conflits avec la police par exemple. La
fixation de l’insécurité sur les banlieues
que l’on trouve maintenant,
marquerait un retour à la mise à l’écart de
classes dangereuses, non intégrées,
comme était autrefois considérée la classe
prolétaire. Cette stigmatisation
serait un moyen de cacher le véritable problème en
rassurant le reste de la
population par la répression. Ce chapitre s’achève
sur les questions suivantes
: qu’est-ce qu’être protégé ? et est-ce
qu’un Etat de plus en plus sécuritaire,
basé sur la loi et l’ordre peut arranger les choses ? Selon Robert Castel, la réponse est
non.
E)
Le quatrième chapitre:
Ce chapitre-ci peut être considéré
comme la
présentation des enjeux liés à cette nouvelle
montée de l’insécurité. Tout
d’abord, Robert Castel explique que les risques sociaux
classiques et que l’on
pensait avoir presque annulé sont toujours présents et
qu’il est de plus en
plus difficile de s’en prémunir. Ensuite, les groupes
sociaux qui subissent les
changements survenus après les 30 glorieuses se retrouvent en
situation
d’insécurité face à leur avenir, ce qui
alimente l’insécurité civile
(phénomène
des banlieues).
Dans
la première partie de ce chapitre l’auteur recense les
nouveaux risques liés à
la modernité croissante, qui génère parfois un
sentiment d’impuissance avec par
exemple les problèmes liés à la nature et qui sont
imprévisibles. Il y a donc
deux types de risques, ceux dont on peut se prémunir et ceux que
l’on ne peut
que constater, soit des menaces. On aurait alors aujourd’hui une
confusion
entre risque et danger. Et le fait que la sensibilité aux
risques ne
disparaisse pas au fur et à mesure que l’on les assure
fait que d’autres
risques plus difficiles à traiter deviennent actuels et ainsi la
« culture
du risque » fabrique du danger (ici l’exemple pris est
la famine remplacée
par les risques de contamination liés aux maladies
d’animaux consommés par
l’homme). Cette partie met donc l’accent sur la
différenciation à faire entre
les risques et les nouveaux dangers ou nuisances.
Dans
la seconde partie, Castel insiste sur le fait que si l’Etat ne
peut plus
assurer la protection des individus par rapport aux divers risques
encourus, on
assiste évidemment au développement des assurances
privées. La gestion des
risques n’est plus alors collective mais devient individuelle, de
plus la
prolifération des risques ouvre un marché énorme
aux compagnies d’assurance. Le
problème c’est que paradoxalement, le statut d’Etat
social protecteur a rendu
les individus plus libres et que ceux-ci sont fragilisés parce
qu’habitués à la
sécurité. Il faudrait donc, non pas supprimer les
protections déjà en place,
mais les remanier par rapport à la situation sociale et
économique actuelle.
F)
Le cinquième et dernier chapitre:
Ce dernier chapitre énonce les différentes
propositions de solutions à apporter au problème que
Castel propose. Il se base
sur les secteurs de la protection sociale et de la sécurisation
du travail.
La
première partie est une proposition pour reconfigurer les
protections
existentes. Quels sont les problèmes que rencontre la
sécurité sociale de nos
jours? Castel énonce des problèmes financiers, des exclus
non pris en compte
par le système, et un système devenu inapte à
prendre en compte la diversité
des situations de ses citoyens. Les systèmes visant à
« réactiver les
dépenses passives » induisent aussi une
individualisation des protections,
et d’autres protections stigmatisent les individus.
Et Castel insiste sur le fait que maintenant,
être protégé signifie être assuré pour
avoir le minimum, presque être exclu. Il
pose aussi la question du droit au secours qui ne serait accordé
qu’en cas
d’une infériorité prouvée et serait donc
fortement discriminatoire. Castel
propose alors une aide à l’insertion suivie, menée
par des collectifs
d’insertion qui favoriseraient l’aide à
l’emploi et la lutte contre
l’exclusion. Selon lui ce type de système faciliterait une
réintégration des
individus en difficulté. Enfin il rappelle que la protection
sociale existe
pour éviter une exclusion sociale et que les systèmes
où la personne aidée se
trouve en situation de demandeur ne peuvent aller dans ce sens
puisqu’ils
renvoient la responsabilité du processus d’aide aux
individus et non aux
institutions qui en sont chargées.
La
seconde partie est concentrée sur la sécurisation du
travail. Pour Castel, la
situation joue surtout au niveau de l’emploi. Ce dernier conserve
une place
déterminante, et s’il n’a pas perdu de son
importance il devient un acteur plus
incertain qu’auparavant de part la mise en mobilité des
situations de travail.
Et peut-on adapter de nouvelles protections à ces nouvelles
situations de
travail? Avec toutes les nouvelles formes de travail (CDD,
intermittents…) il
n’est plus un support stable à des protections
permanentes. Afin de s’adapter à
la mobilité du travail, Castel préconise
l’instauration d’un «droit à la
formation » des travailleurs. Pourtant reste
présentes et sans réponses les
questions de la protection et d’un statut nouveau accordé
à ce nouveau type de
travailleurs.
G)
Conclusion:
Dans sa conclusion, Robert Castel reprend sa
démonstration de départ sur le fait que l’homme
moderne, pourtant moins exposé
au danger que ses ancêtres est aussi inquiet pour son avenir que
ceux-ci
l’étaient.
Puis il énonce le but de son ouvrage et de
l’analyse qui vient d’être faite, c’est
à dire ; «dénoncer l’inflation du
souci de sécurité, et affirmer l’importance
essentielle du besoin de protection ».
Et il explique pourquoi ces deux éléments étaient
nécessaires, parce que d’une
part l’excessive appréciation du risque crée de la
peur inutile chez les
populations et que le risque fait partie de la vie, et d’autre
part, parce que
l’insécurité doit selon lui être combattue
par une reconfiguration des
protections sociales. Castel espère la constitution d’une
véritable société de
semblables, et condamne la marchandisation du travail qui en
détruit toute
valeur sociale et est responsable de la remontée de
l’insécurité sociale. Il ne
condamne cependant pas le marché mais propose qu’il soit
« endigué »,
encadré de façon à ce qu’il n’engendre
pas deux catégories d’individus; les
gagnants et les perdants. Il faudrait donc, selon Castel, trouvé
un compromis
entre un Etat de droit et un Etat social.
III) Analyse critique de la thèse de Robert
Castel:
L’analyse
de Robert Castel défend l’idée que les
sociétés pré-modernes et modernes
connaissent l’insécurité et que cette
dernière est consubstancielle à la coexistence
des individus dans les sociétés modernes. Mais on peut se
demander si toutes
ses hypothèses énoncées dans
l’insécurité sociale sont justes et se
vérifient
le plus souvent. Tout d’abord, dans son introduction, Castel
énonce l’idée que
vivre « au jour le jour » est un risque disparu.
Pourtant il existe
toujours des individus qui ne savent pas de quoi demain sera fait en
France, de
nos jours et qui appartiennent à notre société ;
par exemple les sans papiers
qui vivent en France et leur forme d’insécurité
n’est couverte, au mieux que
par des associations, on peut aussi
compter certains exclus pas toujours reconnus comme les sans abris
victime
d’une exclusion sans retour ou désaffiliation sociale et
qui ont parfois fait
le choix de se retirer de la société. Ces derniers,
lorsqu’ils se regroupent
retrouvent alors une protection de groupes équivalente à
celle des sociétés
préindustrielles.
Aussi
si les guerres se déroulent loin, elles impliquent parfois des
citoyens de pays
développés comme cela à été le cas
en Irak où ont été tué des soldats
américains, espagnols ou encore anglais. Et on peut aussi dire
que des guerres
menées différemment, comme le terrorisme, restent un
risque considérable pour
les pays « riches ».
Puis,
dans le second chapitre, on peut ajouter que toutes les avancées
en matière de
sécurité sociales ne proviennent pas d’une
avancée dans le monde du travail,
elles proviennent parfois de mouvements sociaux différents. Il y
énonce aussi
le fait que la propriété sociale accordée au
travailleur soit l’équivalent de
la propriété privée des classes aisées,
pourtant, et il le dit lui-même la
différence en terme d’avantages est très grande et
l’État ne peut combler les
inégalités de départ des différents
citoyens alors que la constitution les proclame
égaux.
Dans
le troisième et le quatrième chapitre, Castel
évoque le fait que les banlieues
difficiles sont le fruit d’un ressentiment lié au travail
mais on pourrait
souligner le fait que le phénomène des
« quartiers difficiles » ne
tienne pas à un seul facteur et serait amoindri sans la
médiatisation excessive
des violences qui s’y déroulent. Car les médias
jouent un rôle social dans le
phénomène d’exclusion par l’image
négative qu’ils apportent chez le reste de la
population de ces banlieues, et provoquent alors des réactions
négatives de la
part des habitants des « cités chaudes »
par exemple. On peut donc
dire que le ressentiment a plusieurs origines dont la peur
causée par les
médias.
Dans
le dernier chapitre, l’auteur propose comme solution à
l’aide à la réinsertion,
un collectif prenant en charge les individus, mais cette approche
n’est-elle
pas un risque nouveau d’assistanat trop évident et qui
risque d’être refusé par
un certain nombre d’individus?
IV) Conclusion:
On peut donc conclure en disant que malgré le fait que les solutions de Castel soient parfois floues et incomplètes, et son approche quelque peu philosophique des problèmes abordés, son analyse de l’insécurité sociale présente une hypothèse valable de l’évaluation de la situation actuelle et basée sur des faits vérifiables. C’est donc une analyse sociologique qui tente de répondre à une série de questions sur la protection et le rôle de l’Etat, qui réussit à démontrer l’importance à accorder aux systèmes de sécurité sociale et à expliquer clairement les causes de l’insécurité sociale. Mais aussi à énoncer sa définition réelle à l’heure où la notion d’insécurité est employée à tort et à travers, et est utilisée pour effrayer la population, par n’importe qui voulant créer un mouvement de panique ou vendre un programme électoral.