Deux
siècles de réthorique réactionnaire, de Alfred Hirschman
publié en 1991 chez Fayard, 290
pages
1-L’auteur : Alfred
Hirschman est un professeur émérite
en sciences sociales à l’Institute for advanced study de
Princeton. Auteur de
nombreux ouvrages, il a également publié en France. Cet
ouvrage appartient à al
collection « L’espace du politique » que
dirige Pierre Birnbaum,
sociologue et professeur à l’Institut d’Etudes
Politiques de Paris, auteur lui
aussi de nombreux ouvrages.
2-L’œuvre :
L’œuvre
de A. HIRSCHMAN, Deux siècles de réthorique
réactionnaire est introduite
par un prologue qui énonce les grandes lignes qui seront
expliquées par la
suite. D’après lui, il y a un obsctacle dans le
fonctionnement des régimes
occidentaux qui serait le manque de communication entre les groupements
de
citoyens et les courants d’opinion qui entraine un processus de
séparation.
Pour les sociologues le phénomène le plus
préoccupant est l’isolement dans la
« société de masse »
d’individus de plus en plus atomiques.
HIRSCHMAn
choisit dans son livre de s’en tenir à la surface des
choses en faisant
davantage une analyse historique et logiquie des tupes de discours.
Selon lui,
les discours seraient ainsi déterminés non par des traits
fondamentaux de
caractère mais par des impératifs de raisonnement.
Le
chapitre premier reprend l’intutulé de
l’ouvrage : Deux siècles de
réthorique réactionnaire. Hirschman reprend la
thèse élaborée aux Etats Unis après la
réelection de Reagan par le sociologue
Marshall qui distingue trois dimensions de la cotoyenneté :
civile,
politique et sociale. Se met en place un shéma marshallien selon
lequel chaque
étape correspondrait à un siècle. Pour le moment,
il y aurait eu trois étapes.
La première, au XVIII°, siècle des grandes batailles
pour l’institution de
droits civils. La seconde, au XVII° avec l’extension du droit
de suffrage,
c’est à dire un changement de la dimension politique avec
le droit de
participer à l’exercice du pouvoir. Et la dernière,
au XX° avec l’avènement de
l’Etat Providence qui étend la notion de
citoyenneté au domaine économique et
social. Ces périodes sont à chaque fois suivies de
contres offensives
entraînant des luttes sociales et politiques. Hirschman
énonce ici le fait
qu’il y ait trois différentes réactions à
ces étapes. Tout d’abord, un
mouvement d’idées hostiles sucité par
l’affirmation du principe de légalité, de
la reconnaissance à tout Homme de ses droits. Ce mouvement est
mené par les
contre révolutionnaires, plus pour montrer leur désaccord
envers la Révolution
qu’envers les droits mis en place.
Ensuite, une necessité de revenir sur les progrès
de la participation
populaire à la vie politique. Et enfin, une certaine critique de
l’Etat
Providence avec des efforts déployés pour réduire,
supprimer ou réformer ses
dispositions. A chacun de ces mouvements de protestation, de
réaction est
attribuée une thèse. La première que Hirschman
appelle l’effet pervers est
le fait
que toute activité qui vise à améliorer un aspect
de l’ordre politique, social
ou économique ne sert qu’à aggraver la situation
que l’on cherche à corriger.
La seconde, la thèse de l’inanité
selon laquelle, toute tentative de transforamtion de l’ordre
social est vaine.
Enfin, celle de la mise en
péril, lorsqu’un coût de
réforme est trop élevé, il risque de porter
atteinte à de précieux avantages ou
droits acquis précédement. Ces thèses
récationnaires sont les caractéristiques
des campagnes conservatrices dirigées contre les projets de
réalisation
d’inspiration progressiste. Hirschman veut ensuite nous resituer
dans un
contexte historique les mots « réaction »
et
« réactionnaire ».
« Réaction » prend son sens pour lui au
tout début dans une des lois de Newton selon laquelle
« A toute action
s’oppose une
réaction ». par la
suite, durant la période de la Révolution, ce mot est
passé d’un terme neutre à
symbolique.
La
thèse de l’effet pervers :
Dans ce
chapitre,
Hirschman développe cette théorie qu’il cite dans
son introduction. Il avance
que les actions menées par les
« progressistes » aboutiront le plus
souvent, par un enchainement de conséquences non voulues,
à un résultat qui
sera exactement à l’opposé du but recherché.
De la même façon, les mesures
destinées à faire avancer le corps social dans une
certaine direction, le
feront effectivement bouger, mais dans le sens inverse. C’est
ainsi que
Hirschman dit « tout pas vers la liberté conduit
à l’esclavage, la volonté
de démocratisation fait le lit de l’oligarchie et de la
tyrannie.. ». Pour
lui, pour remonter à la proclamation de l’effet pervers,
il faut partir de la
Révolution française de 1789, où à partir
de là, on a vu que la démocratie
pouvait facilement dégénéré en dictature
car à mesure que la Liberté, Égalité
et la Fraternité prenait de la valeur pour les citoyens, se
mettait en place la
dictature d’un Comité de Salut Public. Viennent ensuite
les Lumières écossaises
qui mettent l’accent sur le rôle des effets non voulus de
l’action humaine.
Hirschman cite alors SMITH qui avait montré comemnt les
comportements dictés
par l’avidité et le goût du luxe, c’est
à dire par l’intérêt personnel peuvent
concourir au bien public en favorisant la prospérité
générale. Vient ensuite
Joseph de MAISTRE qui nous apprend que « si la
Révolution a engendré dans
son sein des luttes prolongées, c’est que la Providence
l’a voulu ». La
seconde période évoquée par HIRSCHMAN est celle de
l’extension progressive du
droit de vote au XIX° siècle. En effet, avec le suffrage
universel, l’idée
d’une participation politique des masses devait paraître
aux yeux de bons
nombres des élites européennes, complètement
aberrante, voire désastreuse. Ces
jugements se reposant sur la conviction que la
« masse » est toujours
inepte et « le peuple », à jamais idiot et
mineur. Gustave LE BON
présente les foules comme peu aptes au raisonnement, mais au
contraire, très
aptes à l’action. La troisième phase du
raisonnement de Hirschman se base sur
une croyance en l’univers social.
La
thèse de l’inanité :
On ne
peut pas
changer quoi que ce soit du statu quo
avec des programmes politiques ou sociales car les bases de la
structure de
l’institution sociale sont ancrées dans les mœurs,
dans les fondements même de
la société.. Le changement n’est alors qu’une
illusion, illusion du changement
que différents courants politiques comme les conservateurs et
les révolutionnaires
ont utilisé. Comme pour l’effet pervers, cette
thèse met en évidence que les
efforts peuvent être vain, de façon tout aussi
désarmante. Deux italiens,
PARETO et MOSCA voont jusqu’à remettre en cause le
suffrage universel, qui
pourtant a été gagné après de nombreuses
années, simplement parce que
concrêtement, il ne changerait rien à la structure de la
société qui même si
par lui on laisse un semblant de pouvoir au peuple, est dominée
par les élites.
L’Etat Providence est de la même façon remis en
question car dans la thèse de
HIRSCHMAN, il ne serait pas fondamentalement attaché à
venir en aide « aux
plus démunis », mais serait plutôt le moyen
pour certains au pouvoir de
faire pression, manifester leur autorité.
La
thèse de la mise en péril :
Cette
thèse dénonce
tout système de mise en place de réformes qui
anéantirait les acquis pour
lesquels la société a bataillé. La mise en
péril est mise en forme par
HIRSCHMAN suivant deux principes politiques. Le premier, celui de
« la
porte ouverte », selon lequel, il vaut mieux ne pas agir de
peur de mettre
en péril ce qui a déjà été acquis.
Et le second, celui du « dangereux
précédent » selon lequel il vaut mieux se
retenir d’agir pour ne pas
regretter par la suite les réformes engagées. Pour
appuyer son analyse,
HIRSCHMAN utilise l’exemple de la démocratie qui
n’entrainerait qu’une perte de
la liberté du fait de sa trop forte volonté
d’égalité entre les citoyens. De la
même façon il réintroduit l’exemple de
l’Etat Providence qui nuit aux libertés
en donnant une trop grande considération à l’Etat
qui accroit son pouvoir au
détriment des libertés des gouvernés.
Le
chapitre 5
reprend les trois thèses et les met en corrélation
grâce à un tableau
récapitulatif. Selon HIRSCHAMN, c’est la thèse de
l’effet pervers qui aurait le
plus d’effet et d’influence au niveau politique. Il essaye
de combiner les
thèses entre elles, mais les effets ne sont pas toujours ceux
souhaités.
Dans le
dernier
chapitre, HRSCHMAN conclue que l’argumentation utilisée
par les réactionnaires
est trop souvent conditionnée et que de ce fait elle est
condamnée d’avance.